⋆★✭☆ − « Tu fais quoi Shenae ? » Je sursaute en attendant l'une des filles du dortoir. Je ferme aussitôt le cahier installé devant moi. « Ne me dis pas que... » Elle tente de le prendre, mais je mets mes bras dessus. Hors, la demoiselle réussit à le tirer et l'avoir en sa possession. Il n'y a aucun avantage à essayer de lui reprendre, car elle a plus d'un tour dans son sac cette sorcière. C'est déjà respectueux qu'elle me l'ait retirer sans utiliser sa magie. Je la regarde, donc, l'ouvrir. « Encore là-dessus ? » Je lui réponds par l'affirmatif en jouant dans mes cheveux. « Mais ce n'est pas de ma faute, je ne sais pas laquelle choisir. » J'avais eu beaucoup de plaisir à me prendre en photo avec mes trois modèles de Polaroid. Le côté artistique en moi n'avait pas pu se restreindre qu'à une seule idée photo. Je sais bien que le professeur de potion n'avait rien demander de flamboyant ou d’exceptionnel. J'ai tout de même réussi à me restreindre à dix positions. Ce qui est déjà très bien, non ? « Je vais la choisir pour toi ! » Elle choisit l'une des versions des portraits. « D'accord, mais s'il voulait une photo de la tête au pied ? » Elle soupire et me donne un second choix. « Et c'est tout ! Les autres, je vais pouvoir les vendre. Certains seront heureux d'avoir une photo d'une demie-vélane. » « Quoi ? » La voilà qui est déjà partie aux pas de course. Je l'aurais bien poursuivi, mais l'heure qu'indique l'horloge me dit que je n'ai pas le temps. Il faut que j'aille en cours. Sinon, je risque un retard. Ce qui est impensable selon moi. Je suis toujours à l'heure et ne pas l'être, sans une bonne raison, est irrespectueux. Enfin, selon moi. Je range, donc, mes choses dans mon sac et me dirige vers le cours. Heureusement, je ne suis pas très loin de là. J'avais passé ma pause à l'extérieur, en plein soleil, à une table. Eh oui, j'avais fait le plein de vitamine, prête à me donner à cent pour cent dans mes cours suivants.

J'arrive assez rapidement devant la porte. Je suis la quatrième arrivé. Le petit groupe que nous sommes montrons nos photos et échangeons sur ce que nous allons faire avec ces dernières. La discussion prend de plus en plus d’expansion au fur et à mesure que les autres arrive. Enfin, jusqu'à ce que la porte s'ouvre. Je rentre et va m'asseoir à ma place habituelle. J'ouvre rapidement mon sac et place un cahier de notes, un stylo et mes deux photos sur ma table. Puis, mon regard se dirige vers le professeur. Ce dernier nous salue et enchaîne rapidement sur ce que nous allons faire. Enfin, ce n'est pas tout à fait ça, car il ne veut même pas nous dire exactement ce que la potion donnera. « Du coup, on peut échouer sans le savoir » me dis-je tout bas. Je sens un petit stress s'installer en moi. Je secoue ma tête et regarde le tableau. La liste d'ingrédients et des étapes à suivre y sont inscrits. Je ne les lis pas vraiment en les écrivant dans mon cahier. Ce n'est que lorsque je dois aller chercher les ingrédients que je vois la cervelle de crapaud. Je ne peux pas m’empêcher de faire une moue dégoûtée. « Tu peux y arriver Shenae ! » Je prends un des fameux cerveaux en fermant les yeux pour le mettre sur mon plateau. Une fois que j'ai tous les ingrédients, je retourne à ma place. « Alors... » Je regarde à nouveau la liste d'ingrédients. « Extraire le jus de gingembre... En ai-je besoin pour la première étape ? » La réponse est affirmative. Je m'occupe donc de ça en premier pour ensuite exécuter la première tâche. Rien de très compliqué. « Bon... En même temps... Il faut que je m'occupe de trancher la cervelle. » Je me mets un minuteur pour ne pas oublier de brasser à chaque cinq minute ma potion et un autre minuteur pour ne pas oublier les vingt minutes.

J'expire avant de me lancer dans la coupe, mais la première trancher me fait frissonner. J'ai envie de demander de l'aide à l'un de mes camarades qui adore faire ce genre de truc, mais je me rappelle la règle. J'essaye à nouveau, plusieurs fois, mais je suis incapable. Je me résous à lever la main pour parler au professeur Hayashi.
  

⋆★✭☆ − Faire une potion, c'est un peu comme de faire de la science ou de la cuisine. Enfin, ce ne sont pas exactement les mêmes choses, mais ils ont la même base : mélanger des choses pour en faire quelque chose de nouveaux. C'est en quelque sorte faire aussi de l'art. On veut que le produit finit ressemble à ce qui est demander ou ce qu'on a dans la tête ou soit encore mieux. Hors, aujourd'hui, avec cette préparation de potion, je ne sais pas trop. D'un, je ne sais pas de quoi ça doit avoir l'air. Je ne connais pas non plus l'odeur. Le professeur veut nous en faire la surprise, j'imagine. Ce qui rajoute un stress de plus. De deux, il faut couper, extraire le jus et autre par nous-même. À la normale, je n'ai aucun problème avec ça. Seulement, couper de la cervelle de crapaud... C'est très loin d'être mon truc. Je me suis même arrêter après la première tranche. Incapable de trouver les forces pour combattre mon dégoût, j'ai levé la main pour parler au professeur.

« Bien partie » dis-je avec un air dégoûté en regardant le truc sur ma planche. « Vous trouvez ? » Je me trouve loin de là. Si je pouvais, je prendrais un billet d'abstention de découpure de cerveau, de cœur, d'organes, ... Lorsqu'il mentionne mon envie de demander l'aide à un de mes camarades de classe, je me mords la lèvre inférieure et baisse les yeux. Je suis coupable d'y avoir pensé, mais je ne l'avais pas fait au moins, non ? J'espère ne pas l'avoir déçu. « Je comprends très bien. » Son objectif derrière la règle est très justifier. Elle est simplement difficile à respecté quand on doit faire quelque chose qui nous semble impensable.

Mon regard retourne à nouveau vers lui lorsqu'il s'accoude sur ma table. Il me sourit et je ne peux m'empêcher de lui rendre. Un sourie, c'est très contagieux. Puis, bon, il fait partie de la catégorie des beaux professeurs de l'école. Enfin, selon moi. « Du fromage... ? » Je hausse un de mes sourcils et dépose mes yeux vers la boule rose. « Mais ça n'y ressemble pas vraiment... » Je ne veux pas aller contre l'idée, mais il me faut quelque chose de plus près de la chose. Une veille gomme mâchouillée ? Non, je ne couperais même pas ça. « Vous y arrivez en pensant à de la nourriture, vous ? » Je suis curieuse de savoir s'il lui arrive de ne pas pouvoir couper un truc. Certes, c'est un professeur de potion, mais il y a probablement un truc, non ?